Processus Créatif et Dialogue avec la Matière

De l’Interpellation à la Révélation de la Forme
La démarche sculpturale de Sébastien Amieil, artiste plasticien, prend sa source dans la rencontre avec la matière brute, en particulier le bois non travaillé. Si cet état initial demeure souvent muet pour l’observateur profane, il devient pour l’artiste un vecteur d’interprétation : le bois l’interpelle, révélant implicitement une forme, une figure corporelle ou une dynamique de mouvement.



L’Élaboration : Du Concept à l’Ébauche
Ce dialogue initial amorce un processus d’élaboration conceptuelle prolongé. L’artiste entrepose ce bois pour le faire sécher, ouvrant une phase de rumination durant laquelle l’idée mûrit et l’ébauche définitive est réfléchie et modélisée mentalement. Ce temps de latence est essentiel pour structurer l’intervention, avant que la matière ne soit sortie de la réserve pour être sculptée.
Maîtrise Technique et Sensibilité
La transformation du bois est un long travail exigeant, articulé autour de la combinaison de la sensibilité, de l’humanité et d’une recherche formelle rigoureuse.
Le processus technique s’amorce par le dégrossissage, où l’artiste retire la matière excédentaire par des coups de ciseaux à bois, de gouges, de maillet ou de burin. La pièce, initialement dégagée, requiert ensuite une phase d’affinage minutieux. La finalisation s’effectue au couteau, assurant la précision des finitions, avant l’application d’une couche de protection.
L’œuvre ainsi achevée peut transcender son matériau d’origine : les créations de bois sont susceptibles d’être reproduites en bronzes d’art, numérotés et signés, assurant la pérennité de la forme initiale.
L’Éveil à la Sculpture : La Révélation de la Forme
« Ma vocation de sculpteur s’est révélée à l’âge de dix-neuf ans. L’acte fondateur fut la découverte, sur une plage de Corse du Sud, d’un bois flotté brut, une matière inerte qui n’interpellait personne, sauf moi.
Cette confrontation au matériau marqua le début d’un long cheminement artistique. Muni de mes ciseaux et couteaux à bois — outils essentiels pour le dégrossissage et l’affinage minutieux — j’ai entrepris de révéler la forme latente, donnant ainsi naissance à l’œuvre « L’Étoile ». Ce premier geste fut une quête pour donner vie à la matière.
Mon œuvre est profondément marquée par une exigence de sensibilité, d’humanité et de recherche formelle. Influencé par la dimension existentielle et les codes de déformation du réel explorés par des artistes surréalistes majeurs tels qu’Alberto Giacometti et Salvador Dalí, je m’emploie à bouleverser les codes de représentation établis.
À travers le bois — matériau de prédilection — mon travail s’efforce de transcrire la tension émotionnelle et le mouvement. Chaque pièce vise à capter la grandeur et la grâce, matérialisant un équilibre instable et majestueux au cœur même de la structure matérielle. »
Galerie d’Œuvres : Sélection d’Explorations Sculpturales
Cette section présente visuellement les pièces, offrant un aperçu du travail développé par l’artiste.
L’étoile
L’étoile, Fragilité Virtuose
Date de création : 1992
Médium d’origine : Sculpture sur bois
Dimensions : Hauteur 33 cm
Édition : Œuvre reproduite en bronzes d’art
Tirages : 8 exemplaires signés et numérotés
Épreuves d’Artiste : 4 épreuves d’artiste (EA)
L’Étoile est une œuvre clé du corpus sculptural de Sébastien Amieil, artiste plasticien.
Maîtrise Technique et Sensibilité
Cette pièce se distingue par une tension linéaire et une fragilité structurelle qui repoussent de manière virtuose les limites intrinsèques de la sculpture sur bois.
L’intention de l’artiste était de transcender la densité du bois afin de concevoir une forme résolument moderne, légère et épurée. Cette approche visait à donner vie à la matière, en capturant, par l’intensité du langage corporel, toute la grandeur et la grâce inhérentes à la figure archétypale de la danseuse étoile.
L’étoile se présente comme un défi technique où la finesse des lignes est mise au service de l’expression émotionnelle, démontrant la capacité de l’artiste à associer sensibilité et recherche formelle.
Sensualité
Sensualité, Équilibre Précaire du Porté
Date de création : 1999
Médium d’origine : Sculpture sur bois
Dimensions : Hauteur 50 cm
Édition : Œuvre reproduite en bronzes d’art
Tirages : 8 exemplaires signés et numérotés
Épreuves d’Artiste : 4 épreuves d’artiste (EA)
Sensualité est une œuvre significative, datant de 1999, qui illustre la capacité de Sébastien Amieil, artiste plasticien, à transformer le bois en une incarnation de l’énergie cinétique et émotionnelle.
Analyse Formelle et Dynamique
À travers cette œuvre, l’artiste s’engage dans une représentation abstraite visant à déconstruire et magnifier le thème du porté dans la danse. Le sujet n’est pas la figuration du corps humain, mais la synthèse des forces et des tensions qui animent un couple de danseurs.
L’œuvre traduit la rigueur technique et physique exigée par la chorégraphie en une composition sculpturale caractérisée par un équilibre instable et majestueux. Cet équilibre précaire crée une dynamique visuelle qui renforce la notion de sensualité du geste chorégraphique, le bois devenant le réceptacle d’une beauté artistique intense et épurée.
En tant que sculpteur, Amieil utilise le medium pour figer un instant d’harmonie et de défi physique, démontrant une fois de plus la maîtrise de la taille directe sur bois.
Torero
Torero, Symbole et Tension
Date de création : 2004
Médium d’origine : Sculpture sur bois
Dimensions : Hauteur 50 cm
Torero est une œuvre sculpturale qui transcende la simple représentation figurative pour s’inscrire dans une réflexion sur la dualité thématique et formelle.
Cette pièce s’attaque de front à l’un des sujets les plus chargés en symbolique : la corrida et la fatalité. L’artiste propose une représentation artistique de notre rapport controversé à la mort, érigeant la figure du torero en symbole de la confrontation esthétisée entre l’Homme et le danger.
Étude Formelle et Dynamique
Formellement, la sculpture est conçue pour capter l’instant critique de l’arène. L’utilisation du bois permet de conférer une densité et une énergie statique à une pose qui est intrinsèquement cinétique.
L’articulation du corps, notamment le torse cambré et la stylisation des bras en forme de cornes, crée une géométrie de la tension. Cette posture est essentielle car elle révèle simultanément deux forces : la force sensuelle des figures d’évitement et la dangerosité inhérente à l’arène. La pièce fige l’équilibre entre la grâce virtuose et le péril existentiel, traduisant dans le volume la tension psychologique de l’affrontement.
Ce travail réaffirme la maîtrise de Sébastien Amieil, sculpteur, dans l’art de traduire l’émotion intense et le mouvement dans une forme matérielle rigoureuse (comme observé dans Sensualité et L’Étoile).
Belle du seigneur
Belle du seigneur, Incarnation de la Soumission Passionnelle
Date de création : 2000
Médium d’origine : Sculpture sur bois
Dimensions : Hauteur 39 cm
Analyse Conceptuelle et Dramaturgie
Belle du seigneur, réalisée en 2000, est une œuvre qui se positionne au carrefour de la sculpture et de la psychologie des affects. Elle illustre la démarche de Sébastien Amieil, artiste plasticien, dans son exploration de la manière dont la matière peut donner vie à des états émotionnels complexes.
Cette sculpture sur bois est une tentative de saisir l’essence d’une passion romanesque. L’artiste concentre son intention sur la dynamique relationnelle caractérisée par un amour absolu qui implique une soumission totale. Le volume et la forme choisis traduisent cette tension entre la force de la passion et l’abandon de soi, transformant le bois, un matériau statique, en un réceptacle de la charge dramatique.
Par l’emploi de lignes épurées (caractéristique fréquente dans le travail d’Amieil, comme dans L’Étoile), la pièce condense le récit de cette dévotion intense. Elle utilise l’abstraction pour figer, dans une forme de 39 cm (une échelle intime), l’intensité d’une relation.
Légèreté
Légèreté, Abstraction et Dynamique Chorégraphique
Date de création : 2002
Médium d’origine : Sculpture sur bois
Dimensions : Hauteur 40 cm
Édition : Œuvre reproduite en bronzes d’art
Tirages : 8 exemplaires signés et numérotés
Épreuves d’Artiste : 4 épreuves d’artiste (EA)
Analyse Formelle et Conceptualisation du Mouvement
Légèreté, réalisée en 2002, est une œuvre qui concrétise l’ambition de Sébastien Amieil, artiste plasticien et sculpteur, de traduire le cinétisme chorégraphique en forme statique.
Cette sculpture est une représentation totalement abstraite, cherchant à définir un nouveau langage corporel par la géométrie. La pièce ne cherche pas à illustrer la danse, mais à en saisir l’essence dynamique. Elle établit une filiation conceptuelle avec l’art de la scène, évoquant explicitement la modernité et l’esthétique des chorégraphies contemporaines initiées, par exemple, par Maurice Béjart.
Le dialogue entre le vide et le plein est ici fondamental, permettant au bois de suggérer l’absence de poids, une qualité essentielle du mouvement dansé.
Maîtrise Technique et Précision
L’exécution de Légèreté est une démonstration éloquente de la rigueur technique de l’artiste. Qualifiée d’œuvre extra fine et complexe, elle représente un défi technique dans le travail du bois, exigeant une précision et une minutie extrêmes.
La Légèreté est atteinte par le processus de creusement, où la soustraction de matière par le sculpteur crée une structure qui semble défier la gravité. Cette finesse exécutive est ce qui permet à l’œuvre de communiquer l’immatérialité du mouvement de la danse.
La danseuse
La danseuse, Aspiration sur Micro-Échelle
Date de création : 2000
Médium d’origine : Sculpture sur bois
Dimensions : Hauteur 15 cm
Analyse Thématique et Symbolique
La danseuse, réalisée en 2000, est une œuvre qui déploie un récit puissant malgré ses dimensions réduites. En tant qu’artiste plasticien, Sébastien Amieil explore ici la thématique de l’aspiration et de la rigueur disciplinaire.
La sculpture incarne l’archétype du « petit rat de l’Opéra de Paris », symbole universel de la jeunesse vouée à l’apprentissage intense de la danse classique. L’œuvre ne représente pas seulement une figure, mais une trajectoire : celle de la tentative d’atteindre le titre le plus honorifique du corps de ballet, celui de « danseuse étoile ».
La compacité de cette œuvre, avec ses 15 cm de hauteur, accentue l’idée que l’immensité de l’ambition et la rigueur de la formation sont contenues dans une forme intime et délicate. La sculpture sur bois devient ainsi le vecteur d’une narration centrée sur la discipline et la quête de la perfection, thèmes récurrents dans le corpus sculptural d’Amieil.
Maîtrise Technique
Cette pièce démontre une maîtrise technique particulière, l’échelle réduite amplifiant la nécessité d’une précision et d’une minutie extrêmes, comparables à celles observées dans Légèreté. Le choix du bois fige la détermination et l’effort de la jeune danseuse, transformant le matériau statique en une allégorie de l’énergie concentrée.
© SÉBASTIEN AMIEIL 2025 | MENTIONS LÉGALES
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